Compétences génériques

Compétences génériques : une définition

La notion de compétence générique dans ce site a été beaucoup inspirée par le travail de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA) sur l’identification et la reconnaissance des compétences génériques, particulièrement par l’entremise de leur démarche Nos compétences fortes (NCF). C’est pourquoi nous utilisons la définition suivante pour présenter ce qu’est une compétence générique :

« Les compétences génériques sont des capacités qui font partie de la personnalité d’une [personne] et qui sont utiles dans tous les milieux de vie. Ce sont des compétences qu’on peut développer dans un milieu de vie ou de travail, et transférer ou utiliser dans un autre milieu de vie ou de travail. (COFFRE, Relais-femmes, ICÉA (1989). Question de compétences : un outil au service des femmes, Montréal, tiré de NCF) »

Pourquoi « générique? D’abord, selon les définitions des dictionnaires, générique s’oppose à spécifique. Dans cet esprit, une compétence générique se pense d’abord en opposition à une compétence spécifique; celle-ci ne concerne qu’un aspect très précis d’une activité, par exemple une seule fonction de travail, voire même seulement une partie d’une tâche.

À l’opposé, une compétence générique se définit en premier lieu comme une compétence commune à une gamme étendue d’activités ; c’est en ce sens qu’on parle de compétences transférables.

Comme c’est le cas des compétences essentielles, les compétences génériques agissent comme fils conducteurs entre les différentes expériences des gens (travail, vie de famille, projets personnels). Elles ne sont pas liées à une fonction précise comme les compétences spécialisées, mais elles se développent dans toutes sortes de situations d’apprentissage et elles se complètent dans l’action. Voilà pourquoi elles sont considérées comme des compétences de base (ICÉA, 1995, p. 21). La notion de compétence générique utilisée par l’ICÉA s’articule autour des deux réalités suivantes :

  • une compétence générique regroupe un ensemble de capacités;
  • une compétence générique se développe dans l’action;
  • une compétence générique évolue dans la vie d’une personne;
  • une compétence générique se développe dans toutes sortes d’expériences de vie et de situations de travail;
  • il existe plusieurs compétences génériques;
  • une même personne peut avoir développé plusieurs compétences génériques;
  • les compétences génériques sont le résultat d’apprentissages réalisés dans l’action;
  • les compétences génériques sont utiles dans tous les milieux de vie (maison, emploi, école ou autres);
  • les compétences génériques sont transférables, c’est-à-dire qu’elles peuvent être mobilisées dans différents champs d’application, contextes d’action et familles de situations.

Compétences génériques en milieu minoritaire

Les compétences génériques jouent un rôle fondamental sur le développement identitaire des individus. Nous croyons que l’état de développement de ces compétences chez les adultes en milieu minoritaire peut influencer leur comportement linguistique et culturel en famille, au travail et dans la communauté.

Elles jouent un rôle déterminant dans l’engagement familial et communautaire, de même que pour l’intégration sociale et professionnelle.

Ces compétences reposent essentiellement sur des savoir-être. Elles ont une dimension intra-personnelle – confiance en soi et aux autres, leadership, facilité d’adaptation…- et interpersonnelle – faciliter à communiquer, persuasion… – qui influencent grandement le rapport à soi-même (identité culturelle, confiance face au choix de sa langue), et son rapport à l’autre (rapport de collaboration vs de subordination sociale).

Les enjeux de la reconnaissance

Les changements socioéconomiques des dernières décennies ont entraîné au Canada des répercussions dans le monde du travail et dans les autres sphères de la vie de la population. Le monde du travail, la cellule familiale, et la vie communautaire changent de façon rapide et continue.
Ces changements influent grandement sur la nature des emplois en croissance et en décroissance, sur la vie familiale et communautaire, et par conséquent, cette dynamique influe également sur les besoins particuliers de développement des compétences de la main-d’œuvre et des citoyens.
Les citoyens, dans ce contexte, subissent des pressions importantes afin de s’adapter de façon rapide et continue à ces changements socioéconomiques, tant au niveau du travail pour les nouveaux emplois disponibles, qu’au niveau des défis d’adaptation à la vie familiale et communautaire.

Dans une société de plus en plus axée sur le savoir, le risque d’exclusion et de marginalisation de ces personnes s’en trouve accru. Toutefois, force est d’admettre qu’un mouvement s’est dessiné depuis quelques années qui en appelle à une reconnaissance plus grande de la diversité des modes et des lieux de formation. Dans un monde où l’idée d’une formation continue ou de l’éducation tout au long de la vie apparaît incontournable, les dispositifs de reconnaissance des compétences sont apparus comme autant de moyens de prendre en compte cette diversité.

Du point de vue de l’inclusion économique des adultes en contextes minoritaires, plusieurs avantages découlent directement de la reconnaissance de leurs compétences génériques : augmentation probable du revenu, des opportunités de formation, de l’employabilité et, en conséquence, de l’accès à l’emploi, du développement de carrière et de la mobilité professionnelle.


 

Sources

Question de compétences : un outil au service des femmes, Montréal, COFFRE, Relais-femmes, ICÉA, 1989.

Reconnaissance des compétences génériques
pour les personnes en démarche d’insertion et peu scolarisées ; Inventaire des outils des organismes communautaires œuvrant au développement de la main-d’œuvre, Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre (COCDMO), octobre 2007.